Agrivoltaïsme grande culture : une alliance prometteuse
- Romane BACQUET
- il y a 6 jours
- 4 min de lecture
Alors que les enjeux climatiques et énergétiques se font de plus en plus pressants, le monde agricole se trouve au cœur des transitions. L’agrivoltaïsme, qui combine production d’énergie solaire et activité agricole, s’étend désormais aux grandes cultures, qui couvrent la majorité des terres agricoles françaises. Blé, maïs, tournesol, orge… ces productions à grande échelle peuvent, elles aussi, tirer parti de l’énergie solaire sans renoncer à leur vocation nourricière.

Comment l’agrivoltaïsme grande culture redéfinit-il les usages agricoles ?
L'agrivoltaïsme, longtemps associé à l’élevage ou au maraîchage, s’invite désormais dans les grandes cultures (blé, maïs, colza, tournesol, etc.). Ce changement d’échelle soulève des enjeux spécifiques en termes de surface, de rendement, de mécanisation et d’intégration paysagère. Mais il représente aussi une formidable opportunité de diversification économique pour les exploitants.
Fort potentiel pour l’agrivoltaïsme
Avec près de 18 millions d’hectares dédiés aux grandes cultures en France, ce segment représente un terrain fertile pour développer des projets agrivoltaïques sans réduire les surfaces agricoles productives.
Adaptation aux contraintes des cultures
Les dispositifs agrivoltaïques sur grandes cultures reposent sur des structures spécifiques : trackers solaires agricoles mobiles, panneaux verticaux bifaciaux, ou portiques surélevés. Ces installations permettent la mécanisation traditionnelle (tracteurs, moissonneuses) tout en réduisant le stress hydrique par l’ombrage partiel.
Quels bénéfices concrets pour les agriculteurs de grandes cultures ?
Le passage à un système agrivoltaïque en grandes cultures doit être justifié par des bénéfices agricoles réels. Plusieurs études montrent que les effets peuvent être positifs si le projet est bien dimensionné.
Meilleure résilience des cultures
Dans les régions fortement ensoleillées, les panneaux filtrent partiellement la lumière, limitant les pics de température et l’évaporation de l’eau. Résultat : un stress hydrique réduit, des sols plus frais, et des rendements parfois stabilisés lors des sécheresses.
Source de revenus complémentaires stable
La vente d’électricité issue des panneaux solaires peut générer plusieurs centaines d’euros par hectare et par an. Cela sécurise les revenus agricoles, notamment face à la volatilité des marchés. Il convient cependant de se renseigner sur les tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïque de 2025.
Diversifier l’activité et valoriser l’exploitation
Outre les revenus, les projets agrivoltaïques permettent de renforcer l’image environnementale de l’exploitation, ouvrant la voie à de nouvelles certifications ou marchés (filières bas-carbone, produits issus d’une agriculture durable, etc.).
Quels sont les défis techniques et réglementaires à relever ?
L’agrivoltaïsme en grande culture reste un modèle jeune. Il suppose une attention particulière à l’ingénierie du projet, à la réglementation en vigueur et à l’évaluation des impacts.
Loi APER pour un encadrement des projets
Depuis 2023, la loi sur l’accélération des énergies renouvelables (APER) impose que les projets agrivoltaïques génèrent un service direct à la production agricole : adaptation au changement climatique, amélioration du potentiel agronomique, etc.
Bonne intégration technique pour une bonne rentabilité
Le choix du type de structure, l’orientation et l'inclinaison des panneaux solaires, la compatibilité avec les outils agricoles ou encore le type de culture pratiqué sont autant de paramètres à ajuster pour garantir la rentabilité et la durabilité du projet.
Quels exemples illustrent la réussite de l’agrivoltaïsme en grande culture ?
Des projets pilotes démontrent déjà l’intérêt du modèle agrivoltaïque en grande culture, notamment en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val de Loire.
Ferme céréalière testée avec panneaux bifaciaux verticaux
Dans le Gers, un agriculteur a installé des panneaux bifaciaux verticaux espacés de 10 m sur une parcelle de blé dur. Résultat : une production d’électricité annuelle estimée à 600 MWh et un rendement agricole maintenu à 98 % de la moyenne pluriannuelle.
Gains agronomiques observés en période de canicule
Lors des étés 2022 et 2023, les mesures ont mis en évidence une baisse de 25 à 35 % de l’évapotranspiration sous panneaux, permettant de maintenir l’humidité du sol et la croissance végétative dans des conditions critiques.
Quel avenir pour l’agrivoltaïsme grande culture en France ?
Le potentiel est considérable, mais la réussite passera par un accompagnement technique, une concertation locale et une planification territoriale rigoureuse.
Concertation territoriale indispensable
L’acceptabilité sociale reste un enjeu majeur. Les projets doivent s’intégrer aux paysages, respecter les chartes locales et être portés par les agriculteurs eux-mêmes, en lien avec les collectivités.
Le soutien public et privé accélère le déploiement
FranceAgriMer, l’ADEME ou encore la Banque des Territoires soutiennent désormais les projets bien conçus. En parallèle, de nombreux développeurs, tel que Mon Terrain, proposent des solutions cofinancées, avec partage de revenus sur 20 à 30 ans.
FAQ
Quels types de cultures sont compatibles avec l’agrivoltaïsme ?
Les céréales (blé, orge), le maïs, le tournesol et certaines légumineuses peuvent s’adapter à condition de respecter les contraintes de hauteur, d’ensoleillement et de mécanisation.
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