Reconversion de terrains militaires désaffectés en centrales solaires
- Romane BACQUET
- 27 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juin
Face à l’urgence climatique et à la nécessité de développer des sources d’énergie renouvelable, la France se tourne vers des terrains jusque-là inexploités pour accueillir des projets photovoltaïques. Parmi eux, les anciens sites militaires — vastes, sécurisés et souvent délaissés — présentent un potentiel stratégique.
Leur transformation en centrales solaires s’inscrit dans une logique de reconversion intelligente, conjuguant valorisation foncière, transition énergétique et requalification territoriale.

Pourquoi transformer des terrains militaires désaffectés en centrales solaires ?
Avant d’être perçus comme des lieux obsolètes, les anciens terrains militaires représentent une opportunité foncière rare pour déployer massivement des centrales solaires. Ces sites, souvent inaccessibles au public et éloignés des zones urbanisées, présentent des caractéristiques physiques et administratives idéales pour les aménageurs.
Surface disponible déjà artificialisée
Les anciens camps militaires, bases aériennes ou terrains d’entraînement peuvent s’étendre sur plusieurs dizaines, voire centaines d’hectares. Ces surfaces, souvent clôturées et éloignées des zones résidentielles, sont idéales pour l’implantation de centrales photovoltaïques au sol. À titre d’exemple, la reconversion de l’ancienne base aérienne de Toul-Rosières (Meurthe-et-Moselle) a permis la création de l’un des plus grands parcs photovoltaïques de France avec plus de 430 000 panneaux solaires sur 367 hectares.
Baisse de la pression sur les terres agricoles et naturelles
Plutôt que de mobiliser des terres agricoles ou des zones naturelles sensibles, utiliser des friches militaires permet de respecter les enjeux de sobriété foncière et de préservation de la biodiversité. Ces terrains, déjà artificialisés, constituent un levier d’aménagement durable tout en répondant aux objectifs de la loi « Zéro artificialisation nette » (ZAN) à l’horizon 2050.
Quels sont les avantages stratégiques de ces reconversions ?
Loin d’être de simples opportunités foncières, les friches militaires offrent aussi des avantages structurels qui favorisent la réussite rapide de projets photovoltaïques. Leur configuration, leur statut juridique et les infrastructures déjà présentes sur place en font des sites prêts à accueillir des centrales solaires à grande échelle.
Facilité des raccordements
Beaucoup de sites militaires disposent d’infrastructures encore exploitables : routes internes, postes électriques, clôtures, voire connexions aux réseaux. Cela réduit les coûts logistiques et les délais d'aménagement.
Accélération des procédures administratives
Dans de nombreux cas, ces terrains appartiennent à l’État ou à des collectivités, ce qui facilite la cession ou la mise à disposition. Le recours aux appels à projets encadrés, comme ceux lancés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), permet également d’encadrer les projets dans une démarche de qualité environnementale.
Quels obstacles faut-il surmonter pour mener à bien ces projets ?
Malgré leur potentiel évident, ces terrains posent un certain nombre de défis techniques, environnementaux et sociaux. Identifier les contraintes en amont est crucial pour garantir la faisabilité et la durabilité d’un projet solaire sur une ancienne emprise militaire.
Dépollution et sécurisation : coût élevé potentiel
Nombre de terrains militaires présentent des contraintes spécifiques : pollution des sols (carburants, munitions), risques pyrotechniques ou contaminations chimiques. Ces problématiques nécessitent des études environnementales poussées et, parfois, une remise en état coûteuse avant tout aménagement.
Concertation locale indispensable
Même si ces terrains sont à l’écart, la réussite d’un projet solaire passe par l’implication des acteurs locaux : élus, riverains, associations environnementales. La mise en place d’un dialogue transparent et la prise en compte des retombées locales (emplois, fiscalité, autoconsommation partagée) sont des conditions essentielles d’adhésion.
Quelles perspectives pour le développement de ces centrales solaires sur friches militaires ?
À l’heure où l’État cherche à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, les terrains militaires désaffectés s’imposent comme une option stratégique. Leur potentiel de reconversion à l’échelle nationale peut contribuer significativement à atteindre les objectifs climatiques français et européens.
Potentiel en France : plusieurs milliers d’hectares
Selon l’IGN et l’ADEME, la France métropolitaine recèle entre 10 000 et 20 000 hectares de friches militaires susceptibles d’accueillir des projets d’énergie renouvelable. Si seulement 20 % de ces surfaces étaient converties, cela représenterait une capacité photovoltaïque de plusieurs gigawatts, soit l’équivalent de plusieurs réacteurs nucléaires en production annuelle.
Initiatives locales
Outre Toul-Rosières, on peut citer l’ancienne base de l’OTAN à Cambrai (Nord), reconvertie en centrale solaire par EDF Renouvelables, ou encore le camp militaire de Sissonne (Aisne), où un projet agrivoltaïque est en étude. Ces exemples montrent la faisabilité et la rentabilité de tels projets, à condition d’un portage public clair et d’un ancrage territorial fort.
FAQ
Qui peut porter un projet de centrale solaire sur un ancien terrain militaire ?
Les porteurs peuvent être des développeurs privés, des sociétés d’économie mixte, ou encore des collectivités locales via des partenariats public-privé. L’État peut aussi initier des appels à projets ciblés.
Quels sont les délais moyens pour transformer un terrain militaire en centrale photovoltaïque ?
Entre les études préalables, la dépollution, les démarches administratives et les travaux, il faut compter entre 2 et 5 ans en moyenne selon la complexité du site.
Une centrale solaire sur un ancien site militaire est-elle rentable ?
Oui, à condition d’un bon dimensionnement, d’un accès au réseau électrique à proximité, et d’un terrain déjà viabilisé. Les coûts initiaux peuvent être compensés par la longévité de l’installation (25 à 30 ans) et les tarifs de rachat de l’électricité.
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