Témoignages d’agriculteurs sur l’agrivoltaïsme : que pensent-ils réellement de cette technologie ?
- Romane BACQUET
- il y a 5 jours
- 4 min de lecture
L’agrivoltaïsme, ou l’alliance entre agriculture et production d’électricité solaire, suscite de plus en plus d’intérêt dans le monde rural. Mais derrière les discours théoriques, qu’en est-il réellement sur le terrain ? De nombreux agriculteurs ont franchi le pas : certains en grande culture, d'autres en élevage ou en maraîchage. Leurs retours d'expérience offrent un éclairage précieux sur les bénéfices, les limites et les ajustements nécessaires à ce nouveau modèle agricole.

Témoignages : quels sont les profils des agriculteurs qui choisissent l’agrivoltaïsme ?
Tous les agriculteurs ne se tournent pas vers l’agrivoltaïsme pour les mêmes raisons. Leurs motivations varient selon leur région, leur type de production, leur situation financière ou encore leur vision de l’avenir. Analysons les profils les plus représentés.
Dans un contexte de volatilité des revenus agricoles, plusieurs producteurs voient dans l’agrivoltaïsme une solution durable et un moyen de diversifier leurs ressources. C’est le cas de Pierre, céréalier dans l’Eure, qui a signé en 2022 un partenariat avec un opérateur pour installer des ombrières sur 15 hectares de luzerne :
“Mes rendements étaient très dépendants du climat. Grâce aux panneaux, mes champs souffrent moins du soleil direct, et je perçois un loyer stable chaque année.”
En parallèle, des éleveurs bovins ou caprins profitent de l’ombre offerte par les structures photovoltaïques pour améliorer le bien-être animal, réduire le stress thermique et maintenir la productivité (pâturage solaire).
Quels résultats concrets ont été observés dans les exploitations ?
L’intégration de panneaux solaires dans les exploitations agricoles ne se limite pas à une simple production d’énergie. Elle modifie aussi la façon de cultiver ou d’élever. De nombreux retours d’expérience et témoignages d'agriculteurs sur l'agrivoltaïsme permettent aujourd’hui d’évaluer les impacts réels.
Contrairement aux idées reçues, les témoignages indiquent que l’activité agricole n’est pas freinée, à condition que le projet soit bien conçu. Anne, maraîchère dans le Var, témoigne :
“Avec les panneaux orientables, mes tomates et courgettes reçoivent juste la bonne quantité de lumière. J’ai même réduit mes besoins en arrosage de 20 %.”
Selon une étude de l’ADEME en 2023, les rendements peuvent rester stables ou s’améliorer de 5 à 10 % dans certains cas, notamment pour les cultures sensibles aux fortes chaleurs (salades, fraises, plantes aromatiques).
Côté énergétique, 1 hectare couvert peut produire jusqu’à 1 000 MWh/an, soit la consommation annuelle de près de 300 foyers.
Quels sont les principaux avantages perçus par les exploitants ?
Au-delà du rendement énergétique, l’agrivoltaïsme offre une palette d’avantages techniques, économiques et environnementaux. Ces bénéfices sont souvent décisifs dans la décision des agriculteurs de s’engager dans un projet.
Les agriculteurs soulignent plusieurs atouts majeurs :
Revenus complémentaires : loyers entre 2 000 et 3 500 €/ha/an selon les zones ;
Adaptation au climat : microclimat plus stable, réduction de l’évapotranspiration ;
Amélioration de l’image de l’exploitation : perception positive du grand public ;
Investissement souvent pris en charge par l’opérateur : pas de frais à avancer.
Pour David, éleveur de chèvres dans la Drôme :
“J’ai gardé ma liberté d’exploitation. Le solaire m’apporte une sécurité financière sans alourdir mes charges.”
Quelles difficultés ou limites sont rapportées sur le terrain ?
Malgré des retours positifs, certains exploitants soulignent les obstacles rencontrés dans la mise en place d’un projet agrivoltaïque. Il est essentiel d’en tenir compte pour mieux accompagner les futurs porteurs de projets.
Certains témoignages mettent aussi en lumière les défis rencontrés :
Complexité réglementaire : les projets doivent démontrer une réelle synergie agriculture/énergie ;
Co-conception nécessaire : il faut dialoguer avec les développeurs pour adapter la structure aux besoins agricoles ;
Temps d’instruction long : entre 2 et 4 ans pour voir le projet aboutir.
Marc, arboriculteur en Gironde, déplore :
“On a mis 3 ans à avoir toutes les autorisations. C’est un vrai parcours du combattant, mais aujourd’hui je ne regrette rien.”
L’agrivoltaïsme est-il compatible avec tous les types d’exploitation ?
Chaque exploitation agricole possède ses propres caractéristiques. Pour que l’agrivoltaïsme fonctionne, il doit s’adapter à ces spécificités. C’est cette capacité d’adaptation qui en fait une solution prometteuse mais exigeante.
Chaque projet doit être pensé sur mesure : topographie, type de culture, activité animale, irrigation, etc. Il n’existe pas de solution unique. Des agriculteurs installés en montagne, en plaine ou en zone méditerranéenne ne rencontreront pas les mêmes enjeux ni les mêmes opportunités.
Les retours montrent que la réussite d’un projet repose sur :
Une bonne concertation en amont ;
Un pilotage intelligent des panneaux (mobilité, inclinaison, hauteur) ;
Un suivi agronomique rigoureux.
Conclusion : un pari gagnant si bien encadré
Les témoignages le confirment : l’agrivoltaïsme peut être une réponse concrète aux enjeux agricoles et climatiques, à condition de respecter l’équilibre entre production agricole et production d’électricité. Loin d’un simple outil de rente, c’est un levier de résilience à co-construire avec les agriculteurs.
FAQ
Quel type de culture est le plus compatible avec l’agrivoltaïsme?
Les cultures maraîchères, les fourrages, certaines céréales, les fruits rouges ou l’arboriculture sont bien adaptées, à condition d’ajuster la densité et la disposition des panneaux.
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