Cartographie des zones propices à la reconversion foncière en France
- Romane BACQUET

- 24 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juin
Face à la raréfaction du foncier disponible et à l’objectif de zéro artificialisation nette, la reconversion de terrains sous-utilisés s’impose comme une stratégie prioritaire. Friches industrielles, emprises militaires, parkings désaffectés ou zones d’activités en déclin… Ces espaces constituent des opportunités majeures pour les collectivités, les aménageurs et les investisseurs.
Mais encore faut-il savoir où chercher et comment identifier les zones à fort potentiel. C’est là qu’intervient la cartographie des terrains propices à la reconversion foncière.

Comment identifier les zones propices à la reconversion foncière en France ?
Le repérage des sites stratégiques repose aujourd’hui sur des outils de plus en plus précis. Grâce aux bases de données publiques, aux cartographies SIG (Systèmes d’Information Géographique) et à l’open data, il est désormais possible de localiser les terrains disponibles, de qualifier leur état et d’anticiper leur potentiel de transformation.
Exemple : le portail Cartofriches du CEREMA, mis à jour en 2024, répertorie plus de 6 000 friches recensées dans tout l’Hexagone, dont une majorité en milieu périurbain.
Pourquoi les friches industrielles sont-elles des ressources foncières à valoriser ?
Souvent situées à proximité des villes et déjà desservies en voirie ou réseaux, les friches industrielles représentent un vivier foncier considérable. Selon le CEREMA, la France en compte près de 150 000 hectares, dont une partie significative est réutilisable sans artificialiser de nouveaux sols.
Exemple : à Lens, une ancienne friche minière de 11 hectares a été reconvertie en parc d’activités écologiques avec panneaux solaires, entreprise de recyclage et centre de formation aux métiers verts.
Comment redonner vie aux zones d’activités économiques en déclin ?
Les ZAE créées entre les années 70 et 90 souffrent aujourd’hui d’un taux de vacance élevé, notamment dans les territoires ruraux ou périurbains. Leur requalification peut passer par une analyse croisée de critères comme l’accessibilité, la desserte en transport, la vacance des locaux ou la proximité d’un bassin d’emploi.
Exemple : à Vitré (Bretagne), la communauté d’agglomération a cartographié ses ZAE vacantes pour lancer un programme de rénovation énergétique et accueillir des entreprises à impact.
En quoi les terrains militaires désaffectés peuvent-ils accélérer la transition foncière ?
Avec la restructuration des armées, de nombreuses emprises militaires ont été rendues disponibles à la vente ou à la location. Leur taille importante, leur situation périphérique et leur raccordement aux réseaux en font des sites idéaux pour des projets d’envergure. Vous pouvez consulter notre article Reconversion de terrains militaires désaffectés en centrales solaires pour en savoir plus sur le sujet.
Exemple : la base aérienne de Toul-Rosières (Meurthe-et-Moselle) est devenue une centrale photovoltaïque de 115 MWc, développée sur plus de 300 hectares sans empiéter sur des terres agricoles.
Quels outils permettent de cartographier les terrains à reconvertir ?
Plusieurs plateformes sont accessibles gratuitement aux professionnels et collectivités :
Cartofriches : friches géolocalisées avec fiche descriptive ;
Géoportail Urbanisme : accès aux documents d’urbanisme (PLU, POS…) ;
Géorisques : évaluation des risques naturels et technologiques ;
Etalab / data.gouv.fr : open data foncier, environnement, mobilité…
Le croisement de ces données permet de hiérarchiser les opportunités et de sécuriser l’instruction réglementaire d’un projet.
Quels sont les critères essentiels pour juger de la reconvertibilité d’un terrain ?
Un site propice à la reconversion doit cumuler plusieurs caractéristiques :
Un zonage compatible avec l’usage prévu ;
Une absence de pollution rédhibitoire, ou des travaux de dépollution envisageables ;
Une accessibilité minimale (voirie, réseaux, proximité de zones habitées) ;
Un alignement avec les besoins du territoire et les stratégies locales (PLUi, SCoT, PCAET…).
De plus en plus d’acteurs utilisent des outils d’intelligence artificielle pour automatiser cette détection sur tout le territoire français.
Pourquoi la cartographie foncière est-elle au cœur de la stratégie ZAN ?
La loi Climat et Résilience impose aux territoires de réduire de moitié l’artificialisation nette des sols d’ici 2031, et de tendre vers zéro d’ici 2050. Dans ce contexte, cartographier les fonciers déjà artificialisés devient une nécessité pour :
Prioriser les reconversions plutôt que l’étalement urbain ;
Cibler les fonciers à enjeux à l’échelle intercommunale ;
Justifier les choix dans les documents d’aménagement (ZAC, PLU, etc.).
Certaines régions ont même mis en place leur propre observatoire des friches, couplé à des fonds spécifiques.
Conclusion
Savoir où se trouvent les zones propices à la reconversion foncière en France est une condition essentielle pour bâtir des projets durables, intelligents et acceptés. En croisant outils numériques, expertise territoriale et volonté politique, il devient possible d’activer un gisement foncier invisible mais décisif pour l’avenir des territoires.
FAQ
Existe-t-il une carte officielle recensant les friches en France ?
Oui, la plateforme publique Cartofriches permet de consulter gratuitement les friches recensées par les services de l’État et les collectivités.
Peut-on installer des panneaux solaires sur une ancienne friche industrielle ?
Absolument, à condition que le sol soit stable et que l’usage soit autorisé par le PLU. Les friches sont même privilégiées pour l’installation de centrales solaires au sol.
Quelles aides pour financer la reconversion d’un terrain ?
Le Fonds Friches, géré par l’ADEME ou les Régions, finance les études, la dépollution et l’aménagement. Certaines métropoles et EPCI proposent aussi des appels à projets ciblés.



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